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des cris aigus en nous apercevant, et les femmes s’enfuirent avec épouvante. Cette panique dura autant que notre passage ; car à peine fûmes-nous éloignés de quelques centaines de pas, que l’essaim féminin se mit pour ainsi dire à notre poursuite et nous accompagna assez longtemps, à respectueuse distance, afin de satisfaire sa curiosité.

Une fois hors du village, nous entrâmes dans une plaine de sable à peu près mouvant, longue d’environ une lieue, et dont le parcours nous fut extrêmement pénible ; par moments nous nous enfoncions jusqu’aux genoux.

Cette plaine nous conduisit jusqu’à une espèce de village.

L’interprète Carvalho nous apprit que ce que nous prenions pour un village était justement la capitale d’un sous-royaume. En effet, le puissant monarque de cette magnifique sous-souveraineté s’avança bientôt à notre rencontre.

Me reconnaissant dès le premier coup d’œil pour le chef de l’escorte qui marchait derrière moi, il me tendit cordialement la main, et d’un air aimable :

— Finar, sacato ; encor cabar ? me dit-il.

L’interprète se hâta de me traduire ces mots qui signifiaient : « Bonjour, l’ami ; comment vont les procès ? »

— Répondez-lui, Carvalho, que je me porte fort bien, et que je n’ai jamais eu de procès, dis-je à l’interprète.

— Le sous-roi vous félicite de n’avoir jamais eu de procès, me répondit Carvalho, et il désire savoir quelle est votre qualité.

— Parbleu ! je suis ambassadeur de la grande nation française. Bah ! dites-lui, quoique nous soyons en république, que je suis l’envoyé du roi de France… Il comprendra mieux.

Cette réponse me valut de la part du monarque malgache