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ensuite de ne pas oublier de nous munir d’un riche présent pour sa souveraine : que quant à lui il se contenterait d’un fusil et d’un petit tonneau d’arack.

En retour, il nous permit de disposer de sa pirogue et de ses gens. Le marché fut accepté.

— Garneray, me dit alors le capitaine Cousinerie, le moment fatal et glorieux est arrivé pour vous ! Prenez, à votre choix, deux hommes de l’équipage ; armez-vous jusqu’aux dents, et que Dieu vous protège ! Si l’on vous attaque, tapez dur. Quant à la conduite que vous aurez à tenir auprès de la reine, je vous laisse carte blanche. S’il faut absolument, pour les intérêts de la France, que vous soyez galant, je vous autorise à manquer à cette dame tant soit peu de respect. Enfin, agissez selon les circonstances.

Une heure après avoir reçu ces instructions, je partais avec deux matelots : l’un nommé François Poiré, et l’autre Bernard, pour ma glorieuse ambassade. Inutile d’ajouter que le capitaine m’avait chargé de quelques étoffes de soie, de menus articles de bimbeloterie et de quelques bouteilles de liqueur pour les offrir à la reine.

L’on venait de sonner midi et le vent soufflait favorable, lorsque je descendis dans la pirogue du vice-roi.

Je dois ajouter que ce haut dignitaire avait stipulé outre ses autres conditions, qu’il resterait à bord jusqu’à notre retour, et que pendant toute la durée de ce temps on lui servirait l’arack à discrétion.

Cette demande me fut agréable, car je pensai que s’il eût craint pour notre sûreté, il n’eût point joué ainsi le rôle d’otage.

Après avoir traversé la baie, nous débarquâmes dans un petit village appelé aussi Bombetoc. Là comme dans tous les pays habités par les Noirs, les enfants jetèrent