Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Possible, mon cher monsieur Carvalho ; mais moi je ne puis y consentir. Faisons un marché. Vous allez d’abord répondre avec sincérité et clarté aux questions que je vais vous adresser ; puis une fois que je n’aurai plus de renseignements à vous demander, je vous laisserai vous griser tout à votre aise. Cela vous convient-il ?

— J’aimerais mieux commencer par me griser d’abord, capitaine…

— Non, après les explications, ou pas du tout !

— Alors, interrogez-moi vite… Mais, pardon, avant que nous commencions cette conversation faites servir une nouvelle bouteille à Sa Hautesse le sous-roi… Quand il ne boit pas, il est en colère ; et quand il est en colère, on ne peut plus venir à bout de lui.

— À présent, monsieur Carvalho, reprit Cousinerie après que le mousse, sur un signe de lui, eut placé un cruchon plein de liqueur devant le sous-roi, causons un peu, si vous voulez, mais causons bien.

— À quelle distance du village de Mazangaïe est située la ville de Bombetoc ?

— À environ vingt-quatre miles anglais, capitaine.

— Quelle espèce de femme est madame de Bombetoc ?

— Oh ! capitaine ! un astre, un soleil…

— Et les habitants de cette capitale ?

— Les gens les plus vertueux du monde.

— Ainsi il ne se commet jamais de crime à Bombetoc ?

— Oh ! au contraire : l’empoisonnement y est très fréquent, et les meurtres journaliers.

— Croyez-vous que si j’envoyais en députation à la reine quelques-uns de mes gens ils courraient des dangers ?

— En allant, non, capitaine ; en revenant c’est possible.