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me retrouvai avec mon brave et excellent capitaine que près de vingt ans après   ! Douze années de voyages et huit de prison sur les pontons anglais   !

Enfin le moment de l’embarquement arriva   : notre départ fut presque un événement, car tous les habitants de l’île de France, intrigués par les récits extraordinaires qui se colportaient sur le compte de la reine de Bombetoc, désiraient vivement connaître le fin mot de l’énigme. Qui sait si dans cette mission, dont le commerce et le gouvernement faisaient à demi les frais, la curiosité n’entrait pour la plus grosse part   ?

La goélette le Mathurin, fin voilier et solide navire, se conduisit, favorisée au reste par les vents, fort bien envers nous. Après une assez courte et rapide traversée, nous entrâmes à toutes voiles dans la vaste baie de Bombetoc, et nous fûmes jeter l’ancre au fond d’une petite anse à pointes basses qui se déployait devant le petit village de Mazangaïe.

Il était alors environ cinq heures du soir.


III

Le village de Mazangaïe, situé au nord d’une rade immense, est habité par des Arabes, ainsi que l’annonce l’architecture basse et massive de ses maisons, dont la blancheur éclatante, encadrée par une végétation riche et puissante, attire de loin le regard.

Ce village, avantage sérieux pour nous, bordait une rive à l’abri de la violence des tempêtes, si communes dans ces parages.