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m’éviterait d’entrer dans de longues explications.

— Oh ! oui, capitaine, bien souvent. Tout le monde sait, à l’île de France, que les États de cette souveraine occupent la plus grande portion de la partie ouest de Madagascar ; seulement, personne ne peut rien dire de positif sur son compte. On raconte d’elle des choses incroyables.

— Eh bien, il est probable que sous peu vous saurez à quoi vous en tenir sur toutes ces choses. Écoutez-moi bien : les négociants de l’île de France se sont cotisés entre eux pour fréter et envoyer un navire dans ces parages peu connus. Le but de cette expédition est de conclure, si moyen il y a, un traité de commerce avec cette reine. Le général Malartic, reconnaissant tout l’avantage que peut avoir pour la colonie une semblable tentative, a bien voulu associer le gouvernement pour une assez forte part dans l’armement de ce navire, se réservant toutefois de choisir lui-même le capitaine et les officiers qui feront partie de cette expédition. C’est ce qui fait que je puis disposer d’une place de lieutenant pour vous. Rendez-vous donc immédiatement chez M. Cousinerie, votre capitaine, à qui je vous ai déjà recommandé.

Je remerciai de tout mon cœur l’excellent l’Hermite, et je me hâtai de courir à la demeure de mon nouveau chef.

Il me serait difficile d’exprimer la joie que je ressentais en songeant que non seulement j’allais bientôt me retrouver sur un pont de navire, mais que ce navire était destiné à une entreprise hardie, probablement féconde en aventures et en mystères.

Le capitaine Cousinerie, que je trouvai à table en train de déjeuner et qui me força de prendre place à ses côtés, était un excellent garçon, rond de manières et de langage