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Le capitaine l’Hermite, poussant pour moi la bonté jusqu’à ses dernières limites, presque jusqu’à la paternité, m’avait présenté en qualité de peintre, ce qui faisait oublier ma position de simple matelot, au gouverneur de la colonie, le général Malartic. J’étais toujours invité aux fêtes qui se donnaient au gouvernement, comme on disait dans la colonie.

Ce fut à l’une de ces fêtes que le général Malartic m’aborda d’un air affable et me dit :

— Monsieur Garneray, sachant tout l’intérêt que vous porte le capitaine l’Hermite, je me suis occupé de vous, et je crois pouvoir vous assurer que, d’ici à fort peu de temps, vous sortirez de votre inaction actuelle, qui non seulement doit vous peser, mais nuit aussi à votre éducation maritime.

En effet, le lendemain, le capitaine me fit appeler de bonne heure chez lui :

— Garneray, me dit-il, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer, vous allez sous peu de jours reprendre la mer.

— Oh ! merci, capitaine ! m’écriai-je.

— Attendez, pour me remercier, que j’aie fini. Vous allez, dis-je, reprendre la mer en qualité de lieutenant !

— De lieutenant, capitaine ! répétai-je avec stupéfaction et me croyant presque le jouet d’une mystification.

— Oui, de lieutenant, reprit l’Hermite en souriant, mais entendons-nous bien, de lieutenant d’un navire de commerce ; c’est-à-dire que vous serez le dernier officier du bord ; n’importe, à votre âge, il vous serait difficile de prétendre à mieux. Voici le fait ; mais, auparavant, avez-vous jamais entendu parler de la reine de Bombetoc ? Cela