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L’Hermite voulut alors se lever, mais sa faiblesse trahit son courage : il chancela sur ses jambes et retomba lourdement dans son fauteuil. Une pâleur cadavérique couvrait son visage. Tous les convives s’empressèrent autour de lui. Bientôt une crise nerveuse s’empara de lui et le secoua avec une telle violence que ses dents claquèrent à faire croire qu’elles allaient se briser. M. Montalant, effrayé, s’était empressé d’envoyer chercher le médecin d’une habitation voisine. Un quart d’heure, qui nous parut long comme une journée, tant l’état de l’Hermite empirait de seconde en seconde, s’écoula au milieu d’un silence général que troublaient seuls ses cris étouffés. Enfin, le docteur arriva ; il était temps : l’infortuné capitaine, tordu par une souffrance qui devait être atroce, se roulait par terre, en proie à d’affreuses convulsions. Le docteur s’avança vers lui, lui prit le pouls, considéra attentivement les traits de son visage ; puis tirant une fiole d’une petite valise portative passée à son bras, il en fit respirer quelques gouttes au pauvre malade, qui reprit presque aussitôt connaissance. — À quelle cause attribuez-vous cette subite indisposition, capitaine ? lui demanda-t-il. — Je ne sais, docteur, répondit l’Hermite, mais on dirait que je suis empoisonné… — Et si cela était, en auriez-vous le moral affecté, capitaine ? demanda le docteur. — Vous savez bien que non, monsieur, répondit l’Hermite avec effort, je vous prierais seulement de me dire franchement le temps qu’il me resterait à vivre, afin que je puisse prendre mes dispositions dernières. —