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— Volontiers, mon cher ami, me répondit-il. Mais qu’avez-vous donc ? Vous m’inquiétez !… Montons dans ma chambre.

Une fois que nous fûmes tous les trois seuls, je m’empressai de prendre la parole, afin de ne pas laisser le temps à Kernau d’embrouiller mon explication, et je racontai de point en point à M. Montalant ce qui venait de se passer. Mon hôte écouta mon récit avec la plus grande attention.

— Mon cher Louis, me dit-il dès que je cessai de parler, les faits que vous venez de me rapporter présentent, je l’avoue, une grande gravité ; peut-être, et je l’espère, ne sont-ils que le produit d’un quiproquo ; n’importe, il faut que nous remontions à la source de ce complot et que nous l’éclaircissions à tout prix. D’abord commençons par faire comparaître devant nous mon nègre Scipion… Je dois avant tout vous déclarer que ce nègre est le meilleur et le plus intelligent domestique que je possède ; celui sur la fidélité duquel je crois avoir le plus de raisons de compter. Après tout, il est malheureusement incontestable que le nègre le plus fidèle n’est qu’un traître, et le plus probe qu’un voleur. Voyons Scipion.

Cinq minutes plus tard, Scipion faisait son entrée dans la chambre.

— Est-ce bien là le même homme dont vous parlez ? demanda M. Montalant en s’adressant à Kernau. Le reconnaissez-vous ?

— Si je le reconnais je le crois bien s’écria le Breton. Il est assez laid pour que l’on puisse s’en souvenir avantageusement.

— Très bien. Voyons Scipion, continua M. Montalant, parle-nous franchement… N’aie pas peur. Si tu m’avoues quelque chose en ta défaveur, je te jure que je ne te punirai point… tu sais que je ne manque jamais à ma