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Qu’il te suffise pour le moment de savoir que j’ai été condamné à Cavit à être pendu… vieille canaille de Perez, va ! Ça me flatte, quand j’y pense, de l’avoir tapé… Oui, vieux, j’ai été condamné à la potence… et sans un brave et excellent général s’il en fut jamais, qu’a bien voulu me trouver drôle et s’intéresser à mes farces, il ne serait plus du tout question du pauvre Kernau aujourd’hui. Mais assez causé sur ce sujet… revenons à toi… Est-ce que tu es devenu un dompteur de chevaux ? Quel motif t’amène ici ?

— Moi ! je suis invité à passer quelques jours à cette habitation que tu aperçois là, devant nous, et où se trouve en ce moment mon capitaine l’Hermite !

— L’Hermite habite dans cette baraque ? répéta vivement Kernau avec émotion ; tu es sûr de cela ?

— Parfaitement ! Mais qu’as-tu donc ? Tu me sembles tout inquiet, tout agité… Est-ce que quelque danger menacerait mon brave capitaine ?

Mon matelot, au lieu de me répondre, grimpa avec l’agilité d’un écureuil le long d’un tamarinier qui s’élevait solitaire près de nous ; puis, une fois parvenu au sommet, je le vis examiner avec la plus grande attention le champ de cannes à sucre qui s’étendait à ses pieds.

Enfin, après un brusque mouvement de tête et de bras, qui décelait la plus violente mauvaise humeur, Kernau s’empara d’une branche flexible et se laissa déposer par terre.

— Je n’ai pas vu la casaque blanche ! me dit-il avec accablement.

— Qu’est-ce que c’est la casaque blanche ! Kernau ? Voyons, parle donc !

— Ah ! c’est que tout ça est si embrouillé que c’est long et fatigant à dégoiser… enfin qu’importe…