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Le chef de l’expédition s’avança vers lui, puis, s’arrêtant à deux pas, il remit vivement son poignard dans le fourreau ; et, retirant son chapeau, il s’inclina profondément, et d’un air où le respect et l’admiration se lisaient clairement, devant l’Hermite.

— Capitaine ! lui dit en assez bon français l’officier anglais, qui, le voyant couvert du sang de Graffin, le crut grièvement blessé, croyez à toute la douleur que j’éprouve de vous trouver dans un tel état… Veuillez, je vous en supplie, me faire l’honneur de disposer de moi selon vos désirs… je viens me mettre à vos ordres.

— Je vous remercie, monsieur, lui répondit l’Hermite touché de cette délicatesse et de ce bon procédé.

Puis, d’un signe de main il l’avertit qu’il était prêt à le suivre.

Alors l’Hermite, soutenu par ses officiers et par ceux des vaisseaux anglais, qui s’empressent autour de lui, parvient jusqu’au cutter du général.

Avant de pousser au large, l’officier commandant, dont la voix arrive jusqu’à moi, lui demande ses ordres relativement à l’officier qu’il a vu à ses côtés.

— Il a désiré, répond l’Hermite, que ses restes subissent le sort de la Preneuse, qu’il n’a pas quittée un seul jour depuis sa mise à l’eau.

— Mais j’ai l’ordre de la brûler, s’écrie l’Anglais.

— En ce cas, messieurs, dit l’Hermite en s’adressant à son état-major, remontez à bord et ensevelissez le corps de notre bien-aimé camarade dans nos couleurs nationales… Dépêchez-vous… je vous en prie… je souffre beaucoup.

En effet, pendant le temps que dura cette triste opération, la tête de l’Hermite resta constamment cachée dans ses mains. Quand le cutter se mit en marche, il jeta un