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de ces préparatifs, à peine notre nouvelle batterie est-elle installée sur les gaillards et les passavants de tribord, qu’un épais nuage de fumée déchiré par la flamme nous annonce que les Anglais sont à portée de canon et que le combat commence.

— Ma foi, Garneray, me dit en souriant M. Graffin en passant près de moi, j’espère que vous devez être content. Voici une nouvelle commande de tableaux que vous apportent les Anglais. Cette fois-ci, ce ne sera plus avec de l’eau, mais bien avec du vin généreux que nous arroserons vos productions. Examinez donc, avec attention, comment les choses vont se passer. Quant à moi, ajouta M. Graffin en se frottant les mains d’un air joyeux, je crois que ça sera vraiment joli !

Un sujet de tableau, qui eût été, certes, préférable, pour un peintre de talent, à la reproduction des volcans enflammés qui allaient vomir leurs flammes et leur lave, c’était M. Graffin lui-même.

Ce jeune homme à l’œil hardi et brillant, au front resplendissant d’une noble et chevaleresque audace, au sourire doux et joyeux pendant le combat, présentait certes un motif d’étude d’un effet saisissant. M. Graffin, selon son habitude, avait dans la prévision d’un amarinage ou d’une lutte à l’arme blanche apporté le plus grand soin à sa toilette. Sa maxime était que pour soutenir dignement l’honneur de la France on devait se montrer avec tous ses avantages à l’ennemi.

Il était environ trois heures lorsque le feu commença.