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même place où nous nous trouvons, que la Cybèle et la Prudente, il y a de cela quatre ans, firent abandonner le champ de bataille et lever la croisière aux vaisseaux anglais le Diomède et le Centurion ! Je vois dans ce rapprochement un présage de bon augure ! Je ne vous recommanderai pas le courage, messieurs, je vous connais et je vous estime tous trop pour cela, mais je vous prêcherai la confiance. La confiance est la moitié du succès.

L’Hermite parlait encore quand une embarcation, accostant la frégate, y déposait un des aides de camp du marquis de Sercey, M. Olivier.

— Capitaine, dit ce dernier en s’adressant à l’Hermite, l’amiral, en ce moment sur le débarcadère, m’envoie vous demander quels sont les secours dont vous avez le plus pressant besoin.

— Je manque de tout, un simple coup d’œil suffira pour vous convaincre de cette vérité, lui répond l’Hermite, mais je ne demande qu’une chose : des combattants ! J’aurais désiré communiquer avec l’amiral Sercey pour prendre ses ordres ; je regrette de ne pouvoir quitter mon poste pour aller le trouver sur la plage. Veuillez lui présenter mes excuses.

— Capitaine, dit en rougissant un peu M. Olivier, l’amiral vous donne carte blanche.

— L’amiral me donne carte blanche ! Veuillez, en ce cas, monsieur, ajouter aux excuses que je vous ai prié de lui transmettre, l’expression de ma profonde reconnaissance. Carte blanche ! c’est-à-dire que l’on me permet de vaincre avec ma frégate désemparée, deux vaisseaux anglais !… Je n’ai certes pas à me plaindre !