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Je dormais encore le lendemain matin, lorsque mon cousin vint me réveiller.

— Allons, paresseux, debout ! s’écria-t-il amicalement, le déjeuner t’attend ; et la division commandée par le contre-­amiral ex-marquis et actuellement citoyen de Sercey, dont fait partie ma frégate, doit appareiller sous peu : tu n’auras pas trop de temps pour voir le port.

— À présent, mon garçon, me dit-il lorsqu’une heure plus tard nous sortîmes de table, bien du plaisir, et amuse-toi tant que tu pourras ; moi, je m’en vais rejoindre ma frégate mouillée dans la rade de l’île d’Aix ; nous nous retrouverons à bord. Toutefois, avant de nous séparer, encore quelques mots. Je ne dois pas te cacher que je te sais bon gré de la résolution que tu as montrée en répondant à mon appel, et que tu peux compter sur moi toutes les fois que l’occasion se présentera de t’être utile. S’il y a des coups à recevoir, un danger quelconque à courir, je te choisirai de préférence à tout homme de l’équipage. Si tu commets la moindre faute, la plus petite négligence dans ton service, je te promets de te punir avec deux fois plus de sévérité que je n’en déploierais dans une occasion semblable envers n’importe quel matelot. Ayant sévi, je prends l’engagement de rester inexorable pour toi. Que diable, c’est bien le moins que l’on ait quelques égards pour un parent. Je veux, Louis, vois-tu, que tu deviennes ce qu’on appelle un marin ; et je te jure, ajouta mon cousin après une légère pause, et d’un ton de bonhomie et de tendresse qui m’alla droit au cœur, je te jure que si tu ne te fais pas tuer je réussirai dans mes projets sur toi. Pas de remerciements, c’est inutile ! Encore un mot : tu es fort, robuste, et très développé pour ton âge, cela me permettra de t’embarquer d’emblée en qualité de novice ; quand