Page:Garneray - Voyages (Lebègue 1851).djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Monsieur Fabre, poursuivit le capitaine l’Hermite en s’adressant à l’officier de manœuvre, faites gouverner à la rencontre de ce navire… Très bien !… Tiens bon le souper de l’équipage ! Branle-bas général de combat ! Passe les manœuvres de combat, et bosse partout !… En haut, largue le petit hunier et le perroquet de fougue !… N’arrivons pas, timonier !

La violence de la tempête et le manque de monde, car nous avions perdu près de cinquante hommes, y compris les blessés, à l’affaire de la baie de Lagoa, rendaient très difficile l’exécution de ces ordres, qui se succédaient avec tant de rapidité ; toutefois, l’enthousiasme qui régnait à bord suppléait à la diminution de nos forces, et en un instant les canons furent préparés, les boutefeux allumés, l’enseigne de poupe et les pavillons apprêtés.

Quant à la Preneuse, grâce au surcroît de voilures tombées du haut de ses vergues, elle s’élança en ouvrant avec sa proue un large croissant d’écume au milieu des flots.

Bientôt nous pûmes apercevoir le vaisseau ennemi du haut de nos bastingages ; un grand silence se fit.

Dans leur course rapide, et voguant à contre-bord, les deux navires se rapprochaient l’un de l’autre à vue d’œil ; bientôt ils se croisent : mais le vaisseau ennemi, courant alors grand largue, et se trouvant à mi-portée de canon de nous, laisse arriver, dès qu’il a atteint notre arrière, et vire de bord, lof pour lof, afin de prendre nos amures en nous accostant au vent.