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çais, je veux et je dois croire aux sentiments que vous prètez à ces messieurs.

L’Hermite alors, se dirigeant résolûment vers l’endroit où se tenaient les officiers, les aborda franchement en leur tendant la main, que ces derniers saisirent avec autant d’empressement que de respect.

— Mes amis, leur dit-il, je conçois et je partage votre tristesse… Croyez que je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous la faire oublier. D’abord, je dois vous remercier tous de l’énergique et vaillante coopération que vous m’avez prêtée pendant le combat et pendant la tempête. Vous avez été ce que vous deviez être… dignes de l’uniforme que vous avez l’honneur de porter. Quant à vos rêves perdus, évanouis, ne désespérez pas encore… les richesses, qu’une fatalité persévérante et inexorable nous a contraints d’abandonner dans la baie de Lagoa, peuvent se retrouver ailleurs. Mon intention est d’aller maintenant croiser sur le banc des Aiguilles, cette route obligée des navigateurs de l’Inde… Une bonne rencontre vous suffira, peut-être, pour vous dédommager complètement du revers que nous avons subi… Cela est plus que probable… Vous rattraperez ces parts de prise dont la perte vous afflige, et vous serez consolés… Mais moi, messieurs, qui me consolera jamais d’avoir fait mettre, sans utilité, cinquante hommes hors de combat ?

Pendant trois jours et trois nuits, la tempête continua à sévir avec la même violence ; enfin, ce temps écoulé, elle diminua d’intensité, et nous permit de goûter un peu de ce repos dont nous étions privés depuis si longtemps et dont nous avions tant besoin.

Nous nous trouvions vers les cinq heures du soir (au moment où l’on allait servir la soupe à l’équipage) à la cape, et sous la menace d’un redoublement de mauvais