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HISTOIHE DU CANADA.
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sans le concours de la marine et sans la suprématie des armes sur le lac Érié. Aussi travaillait-on des deux côtés à se former une flotte pour l’obtenir.

Les Anglais devancèrent leurs adversaires de vitesse. Leur gouvernement avait envoyé des officiers et des matelots dans l’hiver, qui étaient venus par terre d’Halifax à Québec, et qu’on avait dirigés aussitôt sur Kingston au pied du lac Ontario, pour équiper une flottille capable de lutter avec celle de l’ennemi. Dans le printemps ils avaient été rejoints par sir James L. Yeo, qui était arrivé avec 4 à 500 nouveaux matelots, pour prendre le commandement supérieur de la marine canadienne. Il donna le commandement des forces du lac Érié au capitaine Barclay, qui alla bloquer avec une flottille de six voiles et 63 canons la flottille américaine dans le havre de la Presqu’-Île. Cette flottille placée sous les ordres du commodore Perry, était composée de neuf voiles et de 54 canons. Elle ne fut prête à lever l’ancre qu’au milieu de l’été ; mais comme les bas-fonds qu’il y avait à l’entrée du havre l’obligeaient à ôter ses canons pour sortir, elle ne pouvait songer à le faire tant qu’elle serait bloquée par la flottille anglaise. Heureusement pour elle, Barclay fut obligé de s’éloigner pendant quelque temps ; elle en profita pour gagner le large et forcer à son tour son adversaire à reculer. Les Américains remontèrent alors à la tête du lac et séparèrent les troupes anglaises jetées sur la rive droite du fleuve, de leur flotte qui portait leurs vivres. Barclay dut risquer le combat pour les dégager. Les deux flottilles en vinrent aux mains le 10 septembre à Put-in-Bay. Le combat dura quatre heures avec des chances diverses dues à l’inconstance du vent. Le vaisseau du commodore américain fut même si mal traité qu’il dût l’abandonner pour passer sur un autre. Mais vers la fin de l’action le vent lui devenant tout à fait favorable, Perry réussit à amener toutes ses forces en ligne et à couper celle des Anglais, sur lesquels il gagna une victoire complète. Tous leurs vaisseaux durent amener l’un après l’autre leur pavillon. Barclay lui-même tomba couvert de blessures entre les mains du vainqueur, qui lui montra tous les égards que méritait le courage malheureux. Cette victoire donna le lac Érié aux Américains, et enleva aux Anglais tous les avantages qu’ils avaient obtenus sur la rive droite du fleuve.