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HISTOIRE DU CANADA

trouver d’expressions assez fortes pour convaincre l’Angleterre de sa fidélité et de son dévouement.

En arrivant en Canada le gouverneur avait travaillé à regagner les bonnes grâces du clergé, que l’on croyait avoir aliéné par les tentatives imprudentes de Craig. Il eut des entrevues avec l’évêque, M. Plessis, qui ne perdit point l’occasion, avec sa présence d’esprit ordinaire, de profiter de la situation des choses pour faire mettre le catholicisme sur un bon pied, et pour faire reconnaître pleinement l’existence légale avec tous les droits et privilèges qu’il possède dans les pays catholiques. Ce fut là le but de toute la vie de ce prélat.

Sir George Prevost en vue de la guerre, où les catholiques devaient combattre comme les protestans, manifesta à l’évêque le désir de savoir sur quel pied il serait convenable de mettre à l’avenir les évêques catholiques du Canada. M. Plessis lui présenta un mémoire,[1] où il lui exposait ce qu’étaient les évêques canadiens avant la conquête ; ce qu’ils avaient été depuis, et l’état où il serait à désirer qu’ils fussent à l’avenir pour le plus grand avantage du gouvernement et de la religion.

Avant la conquête ils gouvernaient leur diocèse à l’instar de ceux de France selon les canons de l’église et les ordonnances du royaume. Ils avaient un chapitre composé de cinq dignités et de douze chanoines, qui était sous leur entière juridiction ainsi que tout le clergé séculier et les communautés religieuses de filles. Ils tenaient leur synode, érigeaient les paroisses, y proposaient des desservans, les révoquaient, visitaient les églises, monastères et lieux de piété, rendaient des ordonnances touchant la discipline et la correction des mœurs, auxquelles les ecclésiastiques et les laïcs étaient obligés de se soumettre, se faisaient rendre les comptes des fabriques, ordonnaient sur le recouvrement et l’emploi de leurs deniers ; enfin ils avaient la direction absolue de toute l’administration ecclésiastique et religieuse, et rien ne se pouvait faire dans le clergé séculier, dans les fabriques et dans les monastères sans leur ordre ou leur approbation. Leur surveillance s’étendait jusque sur les écoles.

Depuis la conquête le gouvernement britannique ayant refusé au Canada de recevoir un évêque de France, le chapitre chargé

  1. Dans le mois de mai 1812.