Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
HISTOIRE DU CANADA.

croissante de son intelligence, due à l’état de sa santé qui dépérissait de jour en jour, portent à croire qu’il était de bonne foi, et que son imagination fiévreuse changeait en danger réel, un danger imaginaire, excité qu’il était par les gens qui l’entouraient, et qui profitaient de son état pour lui monter la tête et lui faire croire à l’organisation d’une vaste conspiration couvrant le pays et prête à prendre les armes.

Ce singulier document dressé avec une exagération de langage propre à effrayer les gens paisibles et crédules, portait que vu qu’il avait été imprimé et répandu des écrits séditieux et pleins de trahison ; que ces écrits étaient destinés à séduire les bons sujets de sa Majesté, à leur remplir l’esprit de défiance et de jalousie, à aliéner leur affection, en avançant avec audace les faussetés les plus grossières, il avait été impossible au gouverneur de passer plus longtemps sous silence des pratiques qui tendaient si directement au renversement du gouvernement, et qu’en conséquence il avait, de l’avis de son conseil, pris les mesures nécessaires pour y mettre fin. Il exposait ensuite quelle avait été sa bienveillance envers les Canadiens, les mettait en garde contre les traitres, leur rappelait les progrès qu’avait fait le pays, et la liberté sans bornes dont il jouissait. Avaient-ils vu, observait-il, depuis cinquante ans un seul acte d’oppression ? un emprisonnement arbitraire ? une violation du droit de propriété ? ou du libre exercice de leur religion ? Comment pouvait-on espérer d’aliéner les affections d’un peuple brave et loyal ? Il démentait le bruit qu’il avait dissous la chambre parcequ’elle lui avait refusé la faculté de lever un corps de 12,000 hommes et d’imposer une taxe sur les terres, enfin qu’il voulait opprimer les habitans. Viles et téméraires fabricateurs de mensonges, continuait-il, sur quelle partie ou sur quelle action de ma vie, fondez-vous une telle assertion ? Que savez-vous de moi ou de mes intentions ? Canadiens, demandez à ceux que vous consultiez autrefois avec attention et respect ; demandez aux chefs de votre église qui ont l’occasion de me connaître. Voilà des hommes d’honneur et de lumières. Voilà les hommes chez lesquels vous devriez aller chercher des avis ; les chefs de faction, les démagogues ne me voient point et ne peuvent me connaître.

Pourquoi vous opprimerais-je ? Serait-ce pour servir le roi ?