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HISTOIRE DU CANADA.

nés pour un côté plutôt que pour un autre fussent interprétés comme hostiles au gouvernement ; que le mot gouvernement qui était employé pouvait en imposer aux nouveaux membres, à ceux à qui notre constitution n’était pas encore familière. Quand le gouvernement exerce l’autorité exécutive, tout doit obéir ; tout acte contraire à cette obéissance est l’acte d’un mauvais sujet. Mais quand le gouvernement exerce sa portion du pouvoir législatif, il n’est que l’une des trois branches de la législature, la première et les deux autres en sont indépendantes. Bien loin qu’on pût regarder l’opposition d’une de ces deux branches à la première, comme illégale, le devoir de ces deux branches était de s’y opposer librement toutes les fois qu’elles le croiraient nécessaire. Que les réflexions de jalousie contre le gouvernement ne pouvaient s’appliquer à aucun des trois pouvoirs, parce que dans le sens général du mot, lorsqu’il est appliqué à la législature ces trois pouvoirs forment eux-mêmes le gouvernement.

M. Bedard observa de son côté, qu’avant de parler de l’influence pernicieuse que cette partie du discours du gouverneur était de nature à exercer, il devait déclarer qu’il n’en attribuait rien au représentant de sa Majesté, mais aux insinuations de personnes qui l’avaient induit en erreur ; puis prenant la question de plus haut, il s’étendit sur le système de la responsabilité et fit voir combien l’idée d’un ministère était essentielle à la constitution. Le premier devoir de cette chambre, troisième branche de la législature, dit-il, est de soutenir son indépendance, même contre les tentatives que ferait la première pour la restreindre ; qu’en adoptant le sentiment de ceux qui diraient qu’il n’y avait point de ministère, il faudrait ou que cette chambre abandonnât son devoir et renonçât à soutenir son existence, ou qu’elle dirigeât ses observations contre la personne même du représentant du roi, ce qui serait une idée monstrueuse dans notre constitution, parce qu’on devait regarder la personne de notre gouverneur comme tenant la place de la personne sacrée de sa Majesté et lui appliquer les mêmes maximes. Il lui paraissait donc que cette idée de ministère n’était pas un vain nom comme quelques uns semblaient le regarder ; mais une idée essentielle à la conservation de notre constitution. Il fit observer qu’en fait et indépendamment