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HISTOIRE DU CANADA.

lement impraticable. Les frais d’estimation et de perception seraient plus à charge que la taxe elle-même.

« Du reste une taxe foncière serait injuste, en ce que les habitans des villes, dont les richesses sont en effets mobiliers, en seraient exempts.

« L’assemblée considérait qu’un impôt sur le commerce en général et surtout sur les articles taxés par la loi en particulier, serait moins senti, et plus également réparti ; que le consommateur payait en dernier lieu ; que bien qu’il eût été objecté que les marchands étaient ici dans des circonstances plus désavantageuses qu’ailleurs, parcequ’ils n’avaient pas la facilité de réexporter leurs marchandises, cette circonstance au lieu d’être désavantageuse était favorable, parcequ’elle leur permettait de régler le commerce et de faire payer l’impôt par le consommateur, vu qu’ils n’étaient en concurrence qu’avec les marchands qui payaient les mêmes droits qu’eux. »

En vain l’opposition dirigée par M. Richardson, qui fit un discours de près d’une heure et demie, voulut faire tomber la proposition par un amendement, elle fut adoptée par une majorité de plus des deux tiers. Ainsi fut confirmée après de longs débats, la décision adoptée précédemment sur la grande question du principe de l’impôt, principe qui n’a pas cessé depuis de servir de base au système financier du pays. Elle le fut conformément à l’intérêt de ces nouvelles contrées dont le premier besoin est le changement des immenses forêts qui les couvrent en champs fertiles et bien cultivés. La loi ne fut point désavouée.

Les discussions sur cette question augmentèrent encore l’aigreur des esprits, dont le chef du gouvernement lui-même ne fut pas exempt. Elles prirent comme de coutume une teinte de jalousie nationale. Le parti mercantile, ne pouvant se contenir après le nouvel échec qu’il venait d’éprouver, éleva de nouveau la voix contre l’origine de ses adversaires et esseya de ramener la discussion sur le terrain de la nationalité. « Cette province est déjà trop française, disait le Mercury, pour une colonie anglaise… Que nous soyons en guerre ou en paix, il est absolument nécessaire que nous fassions tous nos efforts par tous les moyens avouables, pour opposer l’accroissement des Français et leur influence… Après avoir possédé Québec