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HISTOIRE DU CANADA

dans lesquels le duc de Wellington se prononça contre la mesure de lord Durham. Les ministres se trouvaient dans le plus grand embarras. Lord Melbourne ne put s’empêcher d’avouer sa vive anxiété, vu les grands intérêts qui étaient en jeu et les conséquences qui pourraient résulter de ce qui allait être interprété d’une manière favorable pour les rebelles. Néanmoins l’ordonnance était illégale et il devait conseiller à sa Majesté de la désavouer.

La nouvelle de ce désaveu solennel arriva en Canada dans le moment même que lord Durham était entouré des gouverneurs et des députés de toutes les provinces anglaises de l’est, venus à Québec pour discuter avec lui des questions qui pouvaient concerner leurs peuples. Elle le blessa au cœur et l’humilia. Il résolut sur le champ de donner sa démission, et dès ce moment il prit moins de soin à cacher ce qu’il se proposait de recommander au sujet des Canadiens. Il parla avec plus d’abondance, et déclara aux députés qui l’entouraient, qu’il était sur le point de promulguer des lois propres à assurer protection à tous ces grands intérêts britanniques qu’on avait trop négligés jusque là. À Québec, à Toronto, les Anglais s’assemblèrent et passèrent des adresses pour exprimer leur regret des discussions prématurées du parlement impérial et du départ de Lord Durham, et leur pleine confiance dans ses talens et dans les mesures qu’il allait proposer pour régler toutes les difficultés. Ceux de Montréal allant plus loin, le prièrent de recommander l’union des deux Canadas. Un M. Thom, l’un des plus violens ennemis des Canadiens, que lord Durham avait d’abord voulu nommer à deux différens emplois dans le pays, et qu’il avait été forcé par l’opinion publique de placer dans les contrées sauvages du Nord-Ouest, voulait une confédération de toutes les provinces, parce qu’il y avait trop de républicains dans le Haut-Canada. Mais sa suggestion fut repoussée. Le discours qu’il prononça réveilla les craintes du Canadien. Ce journal qui avait jusque là soutenu l’administration, fut surpris de voir l’orateur favorisé de lord Durham déclarer que ses mesures montraient qu’il était déterminé à faire du Bas-Canada une province vraiment britannique.

Déjà les amis du parti anglais s’étaient assemblés à Londres et avaient fait parvenir aux ministres l’expression de leur pleine