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HISTOIRE DU CANADA

américains. Prenons garde de les blâmer trop durement pour l’avoir suivi !

« D’ailleurs vous punissez toute une province, parce qu’elle renferme quelques paroisses mécontentes ; vous châtiez même ceux qui vous ont aidés à étouffer la révolte. »

La minorité contre le bill des ministres dans les communes ne fut que de 7 ou 8, la moitié des membres étant absens. Cette opposition cependant fit restreindre les pouvoirs temporaires qu’on voulait donner au gouverneur et au conseil spécial auxquels on allait abandonner l’administration du Canada pendant la suspension de la constitution et la nouvelle enquête qu’on allait faire sur les lieux. Lord Durham qu’on avait choisi pour cette double mission, en homme adroit, pour disposer favorablement les Canadiens en sa faveur, fit un discours dans la chambre des lords dans lequel après avoir annoncé qu’il ferait respecter la suprématie de l’Angleterre jusque dans la chaumière la plus reculée, il ajoutait qu’il ne reconnaîtrait aucun parti, français, anglais ou canadien ; qu’il les regarderait tous du même œil, et qu’il désirait assurer à tous une égale justice et une égale protection.

Dans ces débats les ministres cachèrent leur but secret avec le plus grand soin, et montrèrent jusqu’à la fin une adresse inconcevable, qui en imposa à beaucoup de gens. Lord John Russell déclara que la couronne userait de sa prérogative pour autoriser lord Durham à faire élire dix personnes dans le Bas-Canada, vu qu’il était presqu’impossible de réunir l’ancienne chambre, et un pareil nombre dans le Haut, s’il le jugeait à propos, pour lui servir de conseil sur les affaires de la colonie, afin que la nouvelle constitution qu’on pourrait adopter ne parût pas provenir uniquement de l’autorité des ministres et du gouverneur, mais de personnes versées dans les affaires de la colonie et qui y eussent des intérêts. Lord Howick fit un long discours surtout en réponse à sir Robert Peel, dans lequel il affecta fort d’insister sur la nécessité de rendre justice aux Canadiens. Ainsi il disait : « Si je pensais que la grande masse de ce peuple fût entièrement sans amour pour ce pays, je dirais que la seule question que nous aurions à considérer, serait de voir comment une séparation finale pourrait s’effectuer sans sacrifier les intérêts des Anglais. Mais je ne pense pas que la masse des Canadiens soit hostile à l’An-