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HISTOIRE DU CANADA

Elle voulut organiser des comités de quartier dans la ville dans le cas où l’union et la force seraient nécessaires. Elle organisa un corps de carabiniers de 800 hommes au nom de Dieu sauve le roi. Elle voulut faire sanctionner cette organisation par le gouverneur, qui s’y refusa et qui en ordonna quelque temps après la dissolution. Les orangistes essayèrent aussi à lever la tête avec eux. Dès 1827 sir Harcourt Lees avait recommandé leur organisation dans les deux Canadas. Le district de Gore du Haut-Canada fit aussitôt offrir son appui à lord Gosford contre les tentatives séditieuses des constitutionnels. Dans le Bas-Canada on n’en faisait de cas que par leur influence à Londres.

Cependant l’assemblée continuait ses travaux législatifs. Elle accusait encore un autre juge, M. Thompson de Gaspé. Elle protestait une seconde fois contre l’annexion du comté de Gaspé, au Nouveau-Brunswick ; elle réclamait surtout contre le payement des officiers publics sans appropriation, et le Dr. O’Callaghan présentait un rapport sur les procédés du parlement impérial à l’égard des 92 résolutions, dans lequel il mettait à nu les contradictions, les erreurs du bureau colonial en faisant l’historique de la question des finances depuis 1828. Dans le temps même on recevait du Haut-Canada une partie des instructions de lord Glenelg à la commission, que sir Francis Bond Head avait communiquées à l’assemblée. Comme M. Mackenzie, disait le Canadien, l’avait prévu, la communication de ces instructions produit un vif regret et un désappointement général. Décidément ces instructions décèlent chez les ministres des dispositions et des vues peu propres à inspirer de la confiance dans la libéralité de leur politique à notre égard. Lord Glenelg fait le réformiste à Londres et le conservateur à Québec.

« Ces instructions renferment aussi, comme le discours du trône, circonstance que nous n’avons pas cru devoir faire ressortir jusqu’à présent, cette mortifiante comparaison de la faction oligarchique avec la masse de la population, en parlant comme ayant toutes deux le même poids, un droit égal à la considération auprès des autorités impériales. C’est là sans doute le résultat de l’éducation et des habitudes aristocratiques du vieux monde ; on croit là sans doute que la faction oligarchique est ici ce que le corps aristocratique est en Angleterre. Cette erreur, cette prévention,