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HISTOIRE DU CANADA

un grand tort dans un moment surtout où la gène commerciale était si grande. Mais les dépêches de lord Aberdeen, qui lui furent communiquées, et le refus de lord Aylmer d’avancer l’argent nécessaire pour payer les dépenses courantes de l’assemblée avant qu’elle eût approuvé celles qu’il avait faites sans bill de subsides, amenèrent la dispersion des membres et la prorogation des chambres.

Lord Aberdeen refusait d’assurer l’indépendance des deux conseils et des juges, jusqu’à ce que toutes les enquêtes sur les abus fussent parvenues au point où l’on pût avoir la perspective d’un arrangement, et le bill d’éducation parce qu’il paraissait reconnaître l’existence légale des sulpiciens et des jésuites, et pouvait donner des privilèges civils exclusifs aux catholiques au détriment de la minorité protestante. Vigilante comme elle devait l’être avec beaucoup de raison contre le moindre empiétement sur sa liberté religieuse, elle pouvait soupçonner que cette législation rétrograde conférait des avantages indus à la majorité catholique. Elle pouvait croire aussi que la langue, la littérature française et les institutions religieuses avaient été les objets d’une attention spéciale ; que les fondations ecclésiastiques existantes avaient été préférées à celles qui pourraient s’élever plus tard, parce que les premières étaient sous le contrôle du clergé catholique, et que les secondes, c’est-à-dire les protestantes, ne fleuriraient et ne se multiplieraient qu’avec l’émigration et l’accroissement des capitaux et des établissemens anglais.

Toutes ces raisons du ministre étaient de purs subterfuges pour tromper. Il ne voulait pas donner les mêmes avantages aux catholiques qu’aux protestans ; mais comme une déclaration ouverte et franche d’un pareil principe eût paru trop odieux, il faisait des suppositions idéales pour faire croire que l’usage de la liberté chez les uns aurait amené nécessairement l’esclavage chez les autres. La question religieuse ainsi traitée fit penser à la situation des catholiques en Canada. Les journaux publièrent les instructions de sir George Prévost,[1] dans lesquelles on maintenait les prétentions que nous avons déjà rapportées ailleurs sur la suprématie et la juridiction ecclésiastique de l’Angleterre. Dans

  1. Papiers officiels imprimés en 1814 par ordre de la chambre des communes.