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HISTOIRE DU CANADA.

si elles allaient l’être par suite de ses recommandations, et ordonnait un appel nominal pour le 10 janvier, au sujet du conseil législatif.

Il fut résolu après un mois de délibération et une division de 34 contre 26, de présenter une nouvelle adresse au roi pour le prier de rendre le conseil législatif électif, en suggérant quelle devait être la qualification des électeurs et qu’un sixième du conseil fut élu tous les ans. Elle protestait contre l’annexion de l’île de Montréal au Haut-Canada, cette île qui contenait, disait-elle, une population de prés de 60,000 habitans, dont la plus grande partie descendaient de ceux en faveur desquels avaient été signées les capitulations de 1760 ; elle déclarait que ce serait une spoliation non provoquée et une violation de ces mêmes capitulations, des actes les plus solennels du parlement britannique et de la bonne foi de la nation anglaise.

La nouvelle de la destitution du procureur-général Stuart et du juge Kerr, annoncée quelque temps après, calma à peine quelques instants les esprits. Mais le conseil législatif ne pouvant plus se contenir devant les attaques de l’assemblée, et forcé d’ailleurs d’agir par le parti qu’il était censé représenter dans le pays, vota à son tour une adresse à l’Angleterre en opposition à celle des représentans du peuple. Il exposait qu’il avait pris en considération leurs actes aussi dangereux qu’inconstitutionnels, et la situation alarmante du pays, pour prier sa Majesté d’y porter remède ; que d’un état de paix et de prospérité l’on marchait rapidement vers l’anarchie et une confusion certaine ; que les plus grands efforts étaient faits pour diviser les habitants des deux origines ; que les intérêts du commerce et de l’agriculture étaient sacrifiés à l’esprit de cabale ; le gouverneur était faussement accusé de partialité et d’injustice ; que les officiers civils et militaires étaient représentés comme une faction corrompue, armée pour l’oppression du peuple, et cela dans le but de dégrader les autorités et de les rendre complètement nulles ; que l’on diffamait les juges tout en refusant au conseil la permission de s’enquérir de leur conduite ; et que pour combler la mesure l’on demandait de le rendre lui-même électif.

Le conseil exposait ensuite que l’assemblée cherchait à augmenter son pouvoir à ses dépens et aux dépens de la couronne,