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HISTOIRE DU CANADA.

contrôle de la législature. Lord Aylmer en la prorogeant exprima tout son regret de voir qu’après toutes les espérances que ses votes et ses résolutions avaient fait concevoir, elle eût accueilli la liste civile par un refus. Il l’informa que, malgré les embarras qui pourraient en résulter, il se trouvait dans la nécessité, suivant ses ordres, de réserver le bill de subsides à l’approbation du roi.

Malgré les concessions de lord Goderich, l’excitation dans les chambres et dans le public, allait toujours en augmentant. Le parti anglais qui dominait partout, excepté dans l’assemblée, tremblait à l’aspect des réformes du ministre et était furieux. Le parti canadien croyait tous les jours davantage que ces réformes seraient nulles si ses sentimens ne pénétraient pas plus avant dans le personnel de l’exécutif ; que tant qu’il n’exercerait pas une plus grande part du pouvoir, la démarcation insultante existerait toujours entre le conquis et le conquérant, et que le premier ne cesserait pas de paraître comme étranger dans son pays.

C’est au milieu de ces querelles que l’élection d’un membre eut lieu à Montréal, laquelle dura trois semaines avec tous les incidens d’une lutte acharnée. Les troupes furent appelées le 21 mai, tirèrent sur le peuple, tuèrent trois hommes et en blessèrent deux, sanglant épisode qui fit une triste sensation. Tout l’odieux en retomba sur l’exécutif. « Jamais, disait-on, les gens de son parti n’attrape de mal ; on sait si bien distinguer les victimes. » Le gouverneur fut en vain prié de monter à Montréal par M. Papineau, pour assister à l’enquête avec M. Neilson et M. Panet, il ne crut pas devoir commettre un acte qui l’eût compromis aux yeux du parti opposé à la chambre, et qui aurait eu l’air d’une intervention dans l’administration de la justice. Le choléra qui éclata cette année pour la première fois au Canada, et qui fit des ravages épouvantables, puisqu’il enleva 3300 personnes à Québec seulement dans l’espace de quatre mois, calma à peine les esprits. On recommença à tenir des assemblées publiques en différentes parties du pays. St.-Charles qui paraissait s’être attribué l’initiative dans cette nouvelle manière de discuter les questions politiques, donna encore l’exemple. On voulait imiter l’Irlande et O’Connell ; mais une fois lancé, on ne put plus s’arrêter. Dans une assemblée des notables de la rivière Chambly, tou-