Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
HISTOIRE DU CANADA.

encore à l’Angleterre les biens des jésuites et des institutions municipales, on réclama contre l’administration des terres, les lois de commerce passées à Londres, l’introduction des lois anglaises, l’intervention des juges dans la politique, l’absence de responsabilité chez les fonctionnaires, l’intervention du parlement impérial dans nos affaires intérieures, le choix partial des conseillers législatifs, et on se plaignait que les abus, que le comité de la chambre des communes avait recommandé de faire disparaître, existaient toujours.

Lord Aylmer, qui était un homme très sensible, parut fort affecté de ce nouvel appel à la métropole. Lorsque la chambre lui présenta en corps la pétition pour le roi, il lui dit qu’il pouvait se faire qu’il avait encore quelque chose à apprendre sur les vues ultérieures des membres ; mais qu’il était bien aise de voir que les abus exposés dans la pétition étaient distincts et tangibles ; qu’il pouvait déclarer que plusieurs étaient déjà en voie de réforme sinon de redressement complet. Qu’il serait néanmoins beaucoup plus satisfait s’il pouvait se convaincre que la pétition embrassât tous les sujets de plainte ; qu’il était très inquiet à cet égard, et qu’il priait bien la chambre de lui ouvrir son cœur, de lui donner toute sa confiance et de ne lui rien cacher ; qu’il leur avait tout fait connaître, qu’il n’avait rien dissimulé ; qu’il aurait regardé toute manœuvre, toute supercherie de sa part comme indigne du gouvernement et du caractère franc et loyal du peuple canadien ; qu’il demandait la même bonne foi de la part de l’assemblée. La chambre avait-elle tout mis au jour, avait-elle réservé quelque plainte, quelque grief pour amener plus tard. Il l’implorait de lui dévoiler la vérité au nom de leur souverain qui était la sincérité elle-même, afin que l’Angleterre pût voir d’un coup d’œil toute l’étendue de leurs maux. Après des sentimens exprimés à la fois avec tant de naïveté et avec tant de chaleur, on ne peut s’empêcher de reconnaître la sincérité de ce gouverneur, car il est impossible d’attribuer un pareil langage à la dissimulation et à l’hypocrisie. Mais cette scène montrait la grande divergence du point de départ des vues de lord Aylmer et des représentans du peuple.

Un membre des townships de l’est se rallia vers ce temps-ci à la majorité de la chambre contre l’oligarchie. C’est elle qui