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HISTOIRE DU CANADA.

contrôle sur la totalité des revenus. Telle est la question en débat entre les deux chambres.

« Mais avant de m’asseoir, je demanderai à ajouter un mot ou deux sur un point auquel on a fait allusion dans cette chambre et qu’on a discuté ailleurs. Je veux parler de l’abandon de nos colonies. Ceux qui sont de cette opinion disent que nous devrions nous épargner la peine d’améliorer l’état de ces provinces, en prenant la voie la plus sage, qui serait de les abandonner à elles-mêmes. Mais que ceux qui parlent ainsi considèrent que ce sont nos compatriotes qu’on abandonnerait, qu’ils sont nés comme nous dans l’allégeance du roi, qu’ils remplissent tous les devoirs de ses sujets, qu’ils désirent le demeurer et en remplir toutes les obligations comme habitans de l’empire. Tant qu’il en sera ainsi, je dis qu’ils ont droit à la protection dont leur fidélité et leur bonne conduite les rendent si dignes. Sur un pareil sujet, je ne ferai pas usage d’une autre raison, l’importance de ces provinces pour la marine, pour le commerce et pour la politique de la Grande-Bretagne. Que ceux qui hasardent une pareille suggestion considèrent l’honneur de ce pays et l’impression que ferait sur toutes les nations un pareil abandon accompli sans nécessité et sans être demandé. Devons-nous abandonner une pareille contrée de notre seul et unique mouvement ? Ou comme cela a déjà eu lieu une fois touchant une autre partie de l’Amérique qui a appartenu à la France, la Louisiane, en ferons-nous une affaire de louis, chelins et deniers ? Vendrons-nous le Canada à une puissance étrangère ? Non, l’Angleterre n’est pas tombée si bas. Le Canada nous appartient par les souvenirs d’une haute et honorable valeur tant sur mer que sur terre. C’est un trophée trop glorieux pour s’en défaire par aucun de ces deux moyens. Nous devons tout employer pour conserver le Canada et le défendre jusqu’à la dernière extrémité. Ainsi la question présentée sous ce point de vue ne peut être un seul instant douteuse. Qu’on se rappelle aussi que c’est un pays où il n’y a point de ces malheureuses distinctions qui existent dans quelques-unes de nos autres colonies ; il n’y a aucune distinction de castes, de maîtres et d’esclaves. Le peuple forme, pour ainsi dire, une seule famille, que les liens les plus forts attachent à la métropole. L’Angleterre est la mère de plusieurs colonies, dont quelques unes