Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
HISTOIRE DU CANADA.

pectable. » À l’autre, celle des Trois-Rivières : « Je me suis vu forcé de défendre contre des empiétemens, les principes les plus évidens de la constitution et les prérogatives les plus indubitables de la couronne. Vous pouvez être assurés que je ne changerai point de conduite, car je suis certain de recevoir finalement l’appui de tous les fidèles sujets du roi, et parmi eux je compte la très grande partie du peuple qui s’est laissé égarer. »

Un pareil langage après ce qu’il savait des projets des ministres et de leur détermination de noyer les Canadiens dans une majorité étrangère, n’était-il pas la violation la plus évidente de la sainteté de la vérité. Il rendait son administration désormais impossible. Ne gardant plus de mesures, il continua à sévir contre les magistrats, contre les officiers de milice et contre la presse. Plusieurs magistrats furent destitués. La Gazette de Québec disait : « Que le pays méprise cette nouvelle insulte ; il peut confier sans crainte ses destinées à un roi et à un gouvernement anglais. » Quoique toujours plus modéré que les autres, ce journal était alors en butte aux poursuites du gouvernement. Quatre actes d’accusation pour libelles avaient été portés contre son rédacteur, pour avoir publié les résolutions adoptées dans les assemblées publiques.

Pendant que le Bas-Canada était ainsi livré aux dissensions qu’amène le despotisme d’une minorité maintenue par la force, car elle n’aurait pu rien faire sans l’appui de l’Angleterre, le Haut-Canada était en proie aux mêmes agitations dues à la même cause. Le parti libéral s’était soulevé contre l’oligarchie. Cette coïncidence dans deux contrées dont la masse de la population était d’origine différente, annonçait une cause réelle de souffrance et donnait par là même du poids aux représentations de chacune. Déjà M. Hume y avait fait allusion à l’occasion des subsides pour l’armée. « Les dépenses des colonies renfermaient, suivant lui, la question de savoir de quelle manière ces colonies étaient gouvernées. L’étaient-elles d’une manière sage et sensée ? ou le gouvernement ne mettait-il pas plutôt tout en usage pour les irriter et pour les porter dans leur désespoir à tout tenter ? Pourquoi, ajoutait-il, avoir à présent 6000 soldats en Canada ? Si ce n’était pour tenir de force le peuple sous un gouvernement qu’il haïssait et méprisait ? Que dirait la chambre