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HISTOIRE DU CANADA.

désordres étaient si patens que le gouverneur assura la chambre qu’il allait en faire rapport aux ministres. Mais en allant la proroger, il lui fit des reproches qui ne permirent plus de douter que la politique du bureau colonial n’avait pas changé. Il la blâma de perdre son temps à discuter des questions de principes constitutionnels, de laisser le gouvernement sans subsides et d’arrêter les améliorations. Les résolutions de la chambre et ce discours n’étaient pas propres à calmer le pays ; les journaux redoublèrent de violence, et chaque parti parut plus résolu que jamais de défendre à outrance la position qu’il avait prise.

En Canada l’opinion publique soutenait les représentans ; et si les deux partis ne voulaient point céder, l’on tombait dans une crise. L’oligarchie n’avait aucun doute dans sa force appuyée qu’elle était de la toute-puissance de l’Angleterre. Le parti populaire, maintenant physiquement trop faible, voyait néanmoins dans un avenir plus ou moins éloigné, le succès infaillible de ses doctrines. Comme M. Papineau était le chef le plus avancé des Canadiens, le bureau colonial écoutant enfin la suggestion de Sherbrooke, chercha à se l’acquérir. Il ordonna à lord Dalhousie de le nommer au conseil exécutif ; mais M. Papineau convaincu que seul il ne pourrait exercer aucune influence sur les dispositions de ce corps, n’y parut jamais, de sorte que le but qu’on s’était proposé on l’y nommant fut manqué, et en 1823 on résolut que les avantages qu’on attendait de la présence du président de la chambre dans son sein ne s’étant pas réalisés, il en fut retranché.

Le gouverneur visita le Haut-Canada dans le cours de l’été, sous prétexte d’en examiner les fortifications, mais pour sonder l’opinion publique et faire rapport à Londres sur la situation des esprits dans les deux provinces, par anticipation à leur union, dont les ministres préparaient alors le projet. À son retour il assembla le parlement et lui déclara que la liste civile devait être votée pour la vie du roi, d’après la recommandation de sa Majesté, qui voulait que ce principe fût adopté et suivi dans le pays. Cette nouvelle déclaration fit évanouir tout espoir d’arrangement s’il en existait encore. La réponse de la chambre fut réservée et pleine des expressions les plus respectueuses pour la constitution. Le gouverneur répliqua qu’il avait l’espoir que la discussion serait calme