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HISTOIRE DU CANADA.

reur. L’explication du 4ème article du traité de 63 ne permettait pas aux Canadiens de jouir de leur religion comme avant la cession du pays, mais en autant que les lois anglaises le permettaient. C’est ce qui avait été clairement compris suivant lord Egremont. Les ministres français avaient proposé d’insérer les mots comme ci-devant dans le traité, et avaient insisté jusqu’à ce qu’on leur eût dit que le roi n’avait le pouvoir de tolérer cette religion qu’autant que les lois anglaises le permettaient. Comme les lois de la Grande-Bretagne défendaient toute hiérarchie papiste, il était clair qu’on ne devait marcher qu’avec beaucoup de circonspection, et que ce n’était qu’en expliquant d’une manière favorable l’esprit des lois que le roi pouvait reconnaître M. Plessis comme évêque. C’était à cause de son zèle et de sa loyauté qu’il avait droit à une distinction dont aucun de ses prédécesseurs n’avait joui, celle d’un siège dans le conseil. Ni cette distinction, ni cette reconnaissance cependant ne devaient être considérées à l’avenir comme choses qui allaient sans dire, mais bien comme choses qui devaient dépendre des circonstances et des avantages que le pays pourrait retirer d’une mesure de conciliation. Ses successeurs ne pourraient être autorisés à prendre ce titre qu’après avoir été reconnus.[1]

L’alliance formée entre le clergé et la chambre avait jeté la frayeur dans les conseils exécutif et législatif. Lorsqu’ils apprirent qu’on voulait porter l’évêque catholique et le président de l’assemblée dans le dernier, ils s’élevèrent aussitôt contre, et le juge Sewell eut beau soulever des difficultés, leur opposition fut inutile devant une mesure que les ministres agréaient dans l’intérêt de leur politique. La nomination de M. Plessis fut confirmée en 1818, avec un salaire de £1000, outre les £500 qu’il recevait déjà pour le loyer du palais épiscopal occupé par la législature.

La conduite de Sherbrooke avait beaucoup modéré l’ardeur des partis. Lorsque le parlement s’ouvrit, la chambre parut vouloir abandonner l’affaire des juges au grand déplaisir de Stuart, qui se crut trahi par ses amis. Le gouverneur employa tout son crédit pour qu’il n’en fut plus question, et pria M. Plessis, suivant la ligne de conduite que lui avait tracé le ministre, de l’aider

  1. Dépêches de lord Bathurst à sir J. C. Sherbrooke, du 1, 5 et 6 juin, 1817.