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HISTOIRE DU CANADA.

l’administration, et laisse entrevoir les moyens qu’on employait pour gouverner. Sir John G. Sherbrooke propose au ministre d’acheter par des faveurs ou par des emplois les chefs du clergé et du peuple. Stuart, ce tribun si audacieux, était singulièrement apprécié. La charge de procureur-général parut cependant au-dessus de ses forces. Drummond avait déjà représenté à lord Bathurst que Uniacke qui la remplissait, était un homme sans talens, à quoi le ministre avait d’abord répondu de le remplacer ou de lui donner des aides, et plus tard de tâcher de l’engager à résigner pour donner sa place à quelqu’homme plus compétent qu’il lui enverrait. Mais Uniacke ne voulant pas entendre parler de résignation, un M. Marshall vint d’Angleterre en qualité de solliciteur-général pour suppléer à son incapacité.

Ce qui avait attiré principalement cette mauvaise réputation à Uniacke, c’était son honnêteté et son indépendance. En 1805 le juge Sewell, alors procureur-général, avait voulu abolir les paroisses catholiques pour leur substituer des paroisses protestantes, prétendant que les statuts d’Henri viii et d’Elizabeth devaient être observés ici, en dépit des traités, du droit public et des gens, et qu’il n’y avait pas d’évêque catholique. Plus tard Uniacke et Vanfelson, avocat du roi, soutinrent que la prétention de Sewell était mal fondée. On ne put pardonner cette opinion à Uniacke, et il n’avait pas cessé d’être persécuté depuis.

Sherbrooke ne l’avait pas destitué parce que ç’aurait été augmenter ses embarras. Suivant ses instructions secrètes, ce gouverneur faisait alors tous ses efforts pour acquérir l’évêque catholique au gouvernement, et mandait qu’il était d’une grande importance d’avoir son appui et celui de son clergé. Dès 1814 ou 15 le prince régent avait envoyé des ordres pour le nommer au conseil ; mais on avait exigé des admissions que ce prélat n’avait pas cru devoir faire comme chef du clergé. Sherbrooke suggéra de le reconnaître plus formellement qu’on ne l’avait fait jusque là. Comme le bruit courait que le catholicisme était exposé à perdre la tolérance dont il jouissait, lord Bathurst le chargeait de dire que les instructions royales n’avaient pas changé depuis 1775, et que l’évêque catholique devait dissiper les fausses impressions que l’ignorance ou la malveillance pourraient répandre à ce sujet ; que cependant M. Plessis paraissait être dans l’er-