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HISTOIRE DU CANADA.

trouvé dans toutes les occasions ordinaires une ressource constante dans la fermeté et les dispositions du conseil législatif, et il n’y a aucune raison de douter qu’il ne continue tant qu’il pourra à contrecarrer les mesures les plus injudicieuses et les plus violentes de l’assemblée. Il est donc désirable, pour toutes sortes de raisons, que vous profitiez de son assistance pour réprimer les actes de cette assemblée que vous pourrez trouver sujets à objection, au lieu de mettre votre autorité ou celle du gouvernement en opposition immédiate à celle de la chambre, et ainsi de lui donner un prétexte pour refuser à la couronne les subsides nécessaires pour le service de la colonie. »

Tels étaient les moyens qu’on employait pour gouverner. Le juge Sewell n’avait tant d’influence dans l’administration que parcequ’il était l’instrument le plus habile du système. Que n’a-t-on pas vu dernièrement au sujet des rectoreries du Haut-Canada ? Voici comment parle un ministre du gouvernement actuel : « Leur histoire n’est pas un sujet nouveau, car je me rappelle bien l’étonnement avec lequel le public apprit, après le départ de sir John Colborne, à la fin de sa triste administration, que cinquante-sept rectoreries avaient été créées à la face d’une dépêche du ministre des colonies, dans laquelle il était formellement dit qu’il ne devait pas en être établi sans le consentement de la législature coloniale. Je me trompe, cependant, en disant qu’il avait été créé cinquante-sept rectoreries ; car il n’avait été exécuté que trente-six patentes : les autres avaient été signées en blanc au moment où sir John Colborne quittait la province. Mais on a su depuis, grâce aux bons offices de ce ferme ami du Canada, Joseph Hume, que la dépêche à laquelle je viens de faire allusion, était accompagnée d’une lettre privée du ministre des colonies enjoignant à sir John Colborne de procéder avec toute la célérité possible et d’assurer l’établissement des rectoreries par toute la province. L’histoire des gouvernemens ne fournit peut-être pas un autre exemple d’une pareille perfidie et d’un délit si flagrant. »[1]

Tandis que le ministre indiquait d’un côté l’usage que l’on devait faire du conseil contre la chambre d’assemblée, il cherchait

  1. Discours du Dr. Rolph, commissaire des terres de la couronne à ses électeurs en 1851.