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HISTOIRE DU CANADA

esprit militaire. Au-dessus de ces préjugés, vous avez su trouver dans le dévouement de ce peuple brave et fidèle, quoiqu’injustement calomnié, des ressources pour déjouer les projets de conquête d’un ennemi nombreux et plein de confiance dans ses propres forces. Le sang des enfans du Canada a coulé, mêlé avec celui des braves envoyés pour les défendre. Les preuves multipliées de l’efficacité de la puissante protection de l’Angleterre et de l’inviolable fidélité de ses colons, sont devenues pour ceux-ci de nouveaux titres en vertu desquels ils prétendent conserver le libre exercice de tous les avantages que leur assurent la constitution et les lois. »

Le gouverneur accueillit cette approbation avec un extrême plaisir, et informa les chambres qu’il allait remettre les rênes du gouvernement, pour aller répondre en Angleterre aux accusations de sir James L. Yeo. au sujet de l’expédition de Plattsburgh. Les habitans de Québec et de Montréal lui présentèrent les adresses les plus flatteuses pour lui témoigner qu’ils prenaient la part la plus vive à tout ce qui le concernait et qu’ils regardaient l’insulte qu’on lui faisait comme une insulte faite à eux mêmes.

Les Canadiens lui montraient d’autant plus d’affection qu’ils savaient que l’espèce de disgrâce dans laquelle il était tombé, provenait en grande partie de la sympathie qu’il avait paru leur porter. Le résultat de l’expédition de Plattsburgh avait fourni à ses ennemis un prétexte pour lui montrer enfin ouvertement toute leur haine, qu’ils avaient dissimulée jusque là tant qu’ils avaient pu. Ils s’étaient ligués pour faire retomber sur lui la responsabilité de la défaite navale de Sackett’s Harbor, afin de le faire rappeler. Sir James L. Yeo l’avait accusé d’avoir été la cause du triomphe des Américains, et la cour martiale composée de marins, avait cherché à faire retomber sur lui, dans la sentence qu’elle avait portée contre les officiers de la flottille, une partie du tort. Le département militaire en lui transmettant les accusations lui avait donné jusqu’au mois de janvier 1816 pour faire venir ses témoins du Canada et préparer sa défense. Mais il mourut dans l’intervalle des suites des fatigues qu’il avait endurées en faisant à pied une partie du chemin de Québec au Nouveau-Brunswick, dans la saison la plus rigoureuse de l’année, pour pas-