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HISTOIRE DU CANADA

hommes placés un peu plus en arrière, se présenta dans la plaine pour attaquer de front la position des Canadiens sur la rive gauche de la rivière. Le second, formé de 1500 hommes sous les ordres du colonel Purdy, fut chargé d’opérer sur la rive droite pour prendre cette position à dos après avoir franchi le gué dont on a parlé tout à l’heure.

Trois compagnies avec quelques miliciens et Sauvages défendaient le front de bataille de Salaberry en avant des abattis qui s’appuyaient à la rivière. Trois autres avec les Écossais avaient été distribuées entre les lignes derrière les abattis.

Hampton porta en avant une forte colonne d’infanterie à la tête de laquelle marchait un officier de haute stature qui s’avança et cria en français aux voltigeurs : « Braves Canadiens, rendez-vous, nous ne voulons pas vous faire de mal. » Il reçut pour toute réponse un coup de fusil qui le jeta par terre et qui fut le signal du combat. Les trompettes sonnèrent et une vive fusillade s’engagea sur toute la ligne. Cette fusillade se prolongeait depuis fort longtemps sans aucun résultat, lorsque le général américain changea ses dispositions pour essayer de percer la ligne anglaise par des charges vigoureuses. Il concentra ses forces et se mit à attaquer tantôt le centre, tantôt une aile, tantôt l’autre des Canadiens, sans que ces nouveaux efforts eussent plus de succès. Reçu vigoureusement partout, il échoua dans toutes ses tentatives et fut finalement obligé de se retirer avec d’assez grandes pertes.

Cependant le bruit du combat avait attiré l’attention de la colonne du colonel Purdy qui opérait de l’autre côté de la rivière et qui s’était égarée. Aussitôt que le colonel se fut reconnu et qu’il fut à portée, il commença l’attaque des troupes qui se trouvaient devant lui qui, accablées sous le nombre, reculaient devant la trop grande supériorité de son feu. C’était au moment où celui de l’autre rive avait presque cessé par la retraite d’Hampton. Salaberry voyant l’action devenir sérieuse sur ce point, alla se mettre à la tête des forces placées en potence le long de la rivière, et dirigea de la voix les mouvemens de celles qui étaient au delà. Il fit ouvrir sur le flanc de l’ennemi qui s’avançait un feu si meurtrier qu’il le jeta dans le plus grand désordre et l’obligea de se retirer précipitamment.

Le combat durait depuis plusieurs heures. Hampton voyant