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HISTOIRE

méditait depuis quelque temps, à savoir : la conquête du fort William-Henry, dont la situation mettait les Anglais à une petite journée de Carillon, et leur donnait le commandement du lac St.-Sacrement et les moyens de tomber sur nous à l’improviste. Pour se débarrasser d’un voisinage aussi dangereux, il fallait les rejeter sur l’Hudson ; ce que l’on décida d’exécuter sans délai, et sans attendre plus longtemps les renforts et les vivres demandés en Europe.

À l’appel du gouverneur les Canadiens fournirent des soldats et des provisions ; ils sentaient toute l’utilité de cette entreprise. Ils se dénantirent des petites réserves qu’ils avaient faites pour leurs familles, et se réduisirent à vivre de maïs et de légumes. « On ne trouverait chez eux, écrivit le gouverneur à la cour, ni farine, ni lard ; ils se sont exécutés avec autant de générosité que de zèle pour le service du roi. » L’on travailla sans bruit aux préparatifs, et toute l’artillerie était rendue à Carillon à la fin de juillet. En très peu de temps l’armée destinée à l’expédition fut réunie. Elle consistait en 3,000 réguliers, un peu plus de 3,000 Canadiens, et en 16 à 18 cents sauvages de 32 tribus différentes, en tout 7,626 hommes (Bougainville : Documens de Paris). Les succès des bandes qui tenaient la cam-