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DU CANADA.

plus proches voisins. Les récoltes avaient encore manqué, et, sans les vivres trouvés à Oswégo, on ne sait ce que seraient devenus les postes de Frontenac, Niagara et de l’Ohio. L’intendant fut obligé de faire distribuer du pain au peuple des villes chez les boulangers, à qui l’on fournissait de la farine des magasins du roi. Les habitans affamés accouraient en foule et se l’arrachaient à la distribution. Dans le même temps, les bâtimens envoyés à Miramichi pour porter des provisions aux Acadiens, revenaient chargés de ces malheureux, qui périssaient de misère et qui ne demandaient que des armes et la nourriture pour prix de leur dévoûment. Leur arrivée ne fit qu’empirer le mal. On avait plus de combattans que l’on était capable d’en nourrir, et l’on fut obligé de donner de la chair de cheval à ces émigrés. Une partie mourut de la petite vérole, une autre fut acheminée dans quelques seigneuries de Montréal et des Trois-Rivières, où elles fondèrent les paroisses de l’Acadie, St.-Jacques, Nicolet et Bécancour ; le reste traîna une existence misérable dans les villes et dans les campagnes, où il finit par se disperser. Enfin, dans le mois de mai suivant (1757), le mal augmentant toujours, il fallut réduire les habitans de la capitale, depuis quelque temps déjà à la ration, à 4 onces de pain