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HISTOIRE

Cependant l’expédition d’Oswégo fut définitivement résolue, et l’armée reçut ordre de faire ses préparatifs pour se mettre en mouvement. C’est alors que le public crut s’apercevoir d’un refroidissement entre le gouverneur et le commandant des troupes. Ces deux chefs s’étaient plus d’abord ; mais la différence de caractère, et des personnes intéressées peut-être à les diviser, les éloignèrent l’un de l’autre. Il n’y eut dans les commencemens que leurs amis intimes qui s’aperçurent de ce changement, qui devait être si funeste dans la suite. Plus tard cette désunion devint apparente pour tout le monde.

Le général Montcalm, par un fatal pressentiment, ne crut jamais au succès de la guerre, comme ses lettres ne le laissent que trop entrevoir ; de là une apathie qui lui aurait fait négliger tout mouvement agresseur, sans M. de Vaudreuil, qui, soit par conviction, soit par politique, ne parut au contraire jamais désespérer, et conçut et fit exécuter les entreprises les plus glorieuses qui aient signalé cette guerre pour les Français. Tel était cependant le progrès des idées de Montcalm dans l’armée, que le gouverneur disait (lettre aux ministres) après la prise d’Oswégo, que s’il se fût arrêté à tous les propos inconsidérés qu’on tenait à ce sujet, il aurait été obligé de