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DU CANADA.

réal. La sécurité n’avait pas été un instant troublée dans l’intérieur du pays. Le contraste avec les colonies voisines nous était favorable pour le moment. Mais l’avenir paraissait toujours menaçant et sombre. Déjà l’on souffrait depuis quelque temps de la rareté des vivres. Le manque des récoltes dans le gouvernement de Québec, les levées considérables de provisions faites par l’intendant tant pour la subsistance des troupes et des sauvages que pour celle des Acadiens répandus sur les rives du golfe St.-Laurent et de la baie de Fondy, amenèrent bientôt une disette assez sérieuse, surtout parmi les habitans pauvres des villes. Ce n’était là pourtant que le prélude des maux et des privations que devait entraîner pour les Canadiens cette longue et cruelle guerre.

Les nouvelles annonçaient déjà que l’Angleterre devait opérer dans la prochaine campagne avec un grand surcroît de forces. L’on ne perdit point de temps en Canada pour se mettre en état de bien recevoir les ennemis, et même d’aller porter la guerre chez eux si une occasion favorable se présentait. Le gouverneur et l’intendant demandèrent, dans leurs dépêches à la France, des secours en hommes, en matériel de guerre et en vivres. Ils lui faisaient en même temps un tableau exact de l’état du Canada et des forces des Anglais en