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DU CANADA.

et chaque ministre agissait indépendamment des autres (Sismondi). La nation, du reste, était plus occupée de vaines disputes religieuses que des apprêts du combat. Le parti moliniste, soutenu par les Jésuites, avait recommencé la persécution contre les Jansénistes ; le parlement voulut interposer son autorité pour la faire cesser, il fut dissous et remplacé par une chambre royale ; mais le roi, fatigué à la fin de ces chicanes oiseuses qui troublaient et affaiblissaient son royaume, ordonna le silence et rétablit le parlement.

« Au milieu de cette petite guerre, dit un historien, le philosophisme gagnait. À la cour même il avait des partisans ; le roi, tout ennemi qu’il était des idées nouvelles, avait sa petite imprimerie, et imprimait lui-même les théories économiques de son médecin Quesnay, qui proposait un impôt unique, portant sur la terre ; la noblesse et le clergé, qui étaient les principaux propriétaires du sol, eussent enfin contribué. Tous ces projets aboutissaient en vaines conversations, les vieilles corporations résistaient ; la royauté, caressée par les philosophes qui auraient voulu l’armer contre le clergé, éprouvait un vague effroi à l’aspect de leurs progrès. » Tout, en effet, était en mouvement dans le monde moral comme dans le monde politique. Les opinions n’avaient plus