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DU CANADA

Tandis que le général Haldimand gouvernait ainsi par l’intimidation et la terreur, et qu’il croyait peut-être sincèrement que c’était le seul moyen de conserver le Canada à l’Angleterre, le congrès tenait tête avec succès aux armées de cette métropole. La capitulation de Saratoga avait eu un immense retentissement, non seulement dans les États-Unis, mais en Europe, surtout en France. Les Anglais n’avaient que la prise de Philadelphie sans combat à offrir pour balancer cet important succès. Franklin envoyé à Paris, y fut accueilli par le ministère avec bienveillance, et par le peuple avec une sorte d’enthousiasme, comme s’il avait eu un secret pressentiment de l’avenir. Après beaucoup de conférences avec les envoyés américains, et d’adresse pour engager Louis XVI à rompre le traité de 63, le duc de Choiseul eut enfin la joie de voir signer, en 78, un traité d’alliance et de commerce avec la nouvelle république, qui fut ainsi reconnue par la première nation de l’Europe. La vieille haine de Choiseul allait avoir enfin son jour de vengeance, et, comme par surcroît, elle allait voir aussi bientôt le vieux mais alors éminemment noble Chatham, son ancien antagoniste, proclamer son abaissement, et sortir pour ainsi dire du tombeau pour protester publiquement dans la chambre des lords, contre l’humiliation de sa patrie.