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HISTOIRE

sons étant comblées, les cellules du couvent des Récollets furent ouvertes pour recevoir les nouveaux suspects. Un nommé André fut détenu au pain et à l’eau et sans feu, dix-huit mois, sans que son épouse sût ce qu’il était devenu. Les prisonniers avaient beau demander qu’on fît leur procès, on restait sourd à leurs prières ; et lorsque le gouvernement croyait les avoir assez punis, il les faisait renvoyer en gardant le même silence et sans leur accorder aucune satisfaction. Les idées libérales de Du Calvet, ancien magistrat, l’ayant fait soupçonner depuis longtemps d’intrigues avec les Américains, il fut arrêté tout-à-coup chez lui, à Montréal, le 27 septembre, 80, par un parti de soldats, qui prit ses papiers et son argent, et conduit à Québec, où il fut détenu d’abord dans un vaisseau de la rade, ensuite dans un cachot militaire, puis enfin dans le couvent des Récollets. Des amis influens s’offrirent comme cautions de sa fidélité ; il proposa lui-même de mettre tous ses biens en séquestre ; il demanda qu’on lui fît son procès : on lui refusa tout. Après deux ans et huit mois de détention, il fut remis en liberté sans qu’on lui eût même dit quel était son crime.

La signature des préliminaires de la paix à Paris, motiva probablement son élargissement ainsi que celui de beaucoup d’autres prisonniers.