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DU CANADA

sang, parlant la même langue, ayant les mêmes coutumes, les mêmes lois, la même religion qu’elle, ils devaient se joindre à leurs anciens compatriotes, et secouer le joug d’une nation étrangère, virant dans un autre hémisphère, et qui avait des coutumes et une religion différente ; qu’il était autorisé par le roi Louis xvi à offrir un appui à tous ses compatriotes de l’Amérique septentrionale ; que les Américains et les Français formaient comme un seul peuple, et qu’ils étaient également leurs amis ; que se lier avec les États-Unis, c’était s’assurer son bonheur ; qu’enfin, tous les anciens sujets français qui repousseraient la suprématie de l’Angleterre, pouvaient compter sur sa protection.

Les paroles du comte d’Estaing, parties de l’Océan, n’eurent aucun écho dans les chaumières canadiennes, où les souvenirs du passé, après le premier tressaillement causé par l’insurrection des autres colonies, avaient jeté depuis long-temps l’irrésolution et confirmé les habitans, qui ne voyaient au surplus, dans les Américains, que d’anciens ennemis, dans leur résolution de laisser la métropole et les colons de sa race régler leurs débats ensemble. Le mot de Lafayette aux gentilshommes canadiens prisonniers à Boston : « Eh quoi ! vous vous êtes battus pour rester colons ; au lieu de