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DU CANADA

cet égard, mais envers lesquels il ne fut pas moins dédaigneux dans ses paroles que dans sa conduite. Il leur répondit qu’il consulterait les conseillers qu’il croirait capables de lui donner les meilleurs avis ; qu’il prendrait aussi l’opinion des amis de la vérité, de la franchise, de l’équité, du bon sens, bien qu’ils ne fussent pas du conseil, des hommes enfin qui préféraient le bien du roi et de ses sujets à des affections désordonnées, à des vues de parti et à des intérêts personnels et serviles, etc. Les conseillers auxquels s’adressaient ces insinuations indirectes, mais poignantes, jugèrent à propos de ployer la tête et de laisser passer l’orage en attendant un temps plus favorable pour la relever et faire valoir leurs prétentions, sachant bien que le gouverneur n’est qu’un chef passager, dont le caractère change avec chaque titulaire, tandis que le conseil, avec un peu de prudence, peut, à la longue, maintenir sa position en ayant soin seulement de savoir saluer chaque astre nouveau qui apparaît dans le ciel politique et s’effacer momentanément devant sa volonté trop décidée.

L’arrivée du général Carleton n’apporta pas immédiatement, comme on l’espérait, de remède à la confusion extrême qui régnait toujours par suite du régime extraordinaire qu’on laissait toujours subsister.