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HISTOIRE

un grand carnage ; un nombre considérable n’échappa au fer des vainqueurs que pour aller se noyer dans la Monongahéla en voulant traverser cette rivière à la nage.[1]

Dumas sachant que le colonel Dunbar n’était pas loin, et ne pouvant arracher du champ de bataille les Indiens qui s’y livraient au pillage, fit enfin suspendre la poursuite.

Le carnage avait été presque sans exemple dans les annales de la guerre moderne (Sparks). Près de 800 hommes avaient été tués ou blessés sur les 1200 qui marchaient à la suite du général Braddock, dont 63 officiers sur 86. Ceux-ci avaient montré le plus grand courage pendant le combat, et fait des efforts incroyables pour rallier les troupes ; plusieurs se firent tuer de désespoir. À l’exception du colonel Washington, tous les officiers qui combattaient à cheval furent tués ou blessés, Le général Braddock lui-même, après avoir eu trois chevaux tués sous lui, reçut un coup mortel. Le malheureux général, qui était mourant, fut mis d’abord dans un tombereau, puis à cheval et enfin porté par les soldats. Il expira quatre jours après la bataille, et fut enterré sur le bord du chemin auprès du fort de la Nécessité, à l’entrée du désert. C’était un officier expéri-

  1. Mémoires sur la dernière guerre de l’Amérique septentrionale, par M. Pouchot.