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DU CANADA

gir une légion d’hommes de lois et de suppôts de cours. Inconnus des Canadiens, ils se plaçaient aux abords des tribunaux pour attirer les regards des plaideurs. C’est ce système que l’on préconisait comme propre à anglifier le pays et à le rendre britannique de fait comme de nom, vaine chimère que cherchent des fanatiques ignorans ! Le général Murray, dégoûté enfin de la tâche dont on l’avait chargé, ne put dissimuler sa mauvaise humeur au ministère. « Le gouvernement civil établi, dit-il, il fallut faire des magistrats et prendre des jurés parmi 450 commerçans, artisans et fermiers méprisables, principalement par leur ignorance. Il ne serait pas raisonnable de supposer qu’ils ne furent pas enivrés du pouvoir mis entre leurs mains contre leur attente, et qu’ils ne furent pas empressés de faire voir combien ils étaient habiles à l’exercer. Ils haïssaient, ajouta-t-il, la noblesse canadienne, à cause de sa naissance, et parce qu’elle avait des titres à leur respect : ils détestaient les habitans, parce qu’ils les voyaient soustraits à l’oppression dont ils les avaient menacés. » La représentation des grands jurés de Québec, tous Anglais et protestans, qui disait, entre autres choses, que les catholiques étaient une nuisance à cause de leur religion, ne fait qu’ajouter de la force à la vérité de ces