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DU CANADA

transportée en France ; et le lendemain, 18 septembre, la ville fut remise aux assiégeans. Par les termes de la capitulation les habitans étaient maintenus dans la propriété de leurs biens et de leurs privilèges ; et le libre exercice de leur religion était garanti jusqu’à la paix définitive. Ainsi la faiblesse d’un conseil de guerre, composé d’officiers subalternes, rendit irréparables les suites d’un échec qui aurait pu être réparé facilement.

Malgré la perte de leur capitale, que les habitans attribuèrent à la trahison, « ces braves gens, dit Sismondi, aussi Français de cœur que s’ils avaient vécu au milieu de la France, » ne s’abandonnèrent point. En effet, quoique Québec eût été détruit, que les côtes de Beaupré et l’île d’Orléans, ainsi que 36 lieues de pays établi, contenant 19 paroisses sur la rive droite du fleuve, eussent été ravagées pendant que la population mâle était à l’armée ; que les habitans eussent perdu leurs hardes, leurs meubles, leurs instrumens d’agriculture et presque tous leurs chevaux et bestiaux, et fussent obligés en retournant sur leurs terres avec leurs femmes et leurs enfans de s’y cabaner à la façon des Indiens ; malgré qu’un grand nombre d’habitans de Québec et des campagnes ; faute de vivres, se trouvassent dans la nécessité d’émigrer dans les gouvernemens