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DU CANADA

non cependant sans avoir considérablement inquiété le général Montcalm, qui, à la première nouvelle de ces incursions, se mit en chemin incognito pour Jacques Cartier, craignant que les Anglais ne s’emparassent de cette rivière et ne coupassent le pays en deux, en se fortifiant dans cette importante position ; mais rendu à la Pointe-aux-Trembles il apprit leur retraite, et il revint sur ses pas.

Après ce nouvel échec, une maladie dont le général Wolfe portait déjà le germe depuis long-temps, favorisé par les fatigues du corps et les inquiétudes de l’esprit, se développa tout-à-coup et le mit aux portes du tombeau. Lorsqu’il fut assez bien rétabli pour pouvoir s’occuper d’affaires, il adressa une longue dépêche à son gouvernement dans laquelle il exposa tous les obstacles contre lesquels il avait eu à lutter et les regrets cuisans qu’il éprouvait du peu de succès de ses efforts ; mais dans laquelle respirait en même temps ce dévoûment pour la patrie qui animait à un si haut degré l’âme de ce guerrier. On fut plus touché en Angleterre de la douleur du jeune commandant que de l’échec des armes de la nation.

L’esprit de Wolfe avait fléchi, comme son corps, sous le poids de sa situation, qui ne lui laissait plus que le choix des difficultés, comme il le disait lui-même. Il appela à son