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HISTOIRE

d’Europe les plus aisés. On y élevait une grande quantité de volailles de toutes les espèces. Elles servaient à varier la nourriture des colons, qui était généralement saine et abondante. Le cidre et la bière formaient leur boisson. Ils y ajoutaient quelquefois de l’eau-de-vie de sucre.

« C’était leur lin, leur chanvre, la toison de leurs brebis, qui servaient à leur habillement ordinaire. Ils en fabriquaient des toiles communes, des draps grossiers. Si quelqu’un d’entre eux avait un peu de penchant pour le luxe, il le tirait d’Annapolis ou de Louisbourg. Ces deux villes recevaient en retour du blé, des bestiaux, des pelleteries.

« Les Français neutres n’avaient pas autre chose à donner à leurs voisins. Les échanges qu’ils faisaient entre eux étaient encore moins considérables, parce que chaque famille avait l’habitude et la facilité de pourvoir seule à tous ses besoins. Aussi ne connaissaient-ils pas l’usage du papier-monnaie, si répandu dans l’Amérique septentrionale. Le peu d’argent qui s’était comme glissé dans cette colonie n’y donnait point l’activité qui en fait le véritable prix.

« Leurs mœurs étaient extrêmement simples. Il n’y eut jamais de cause civile ou criminelle assez importante pour être portée à