Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
HISTOIRE

ministre que le général Montcalm lui avait écrit confidentiellement que les Canadiens qu’il y avait à la bataille de Carillon s’étaient conduits fort médiocrement de même que les troupes de la colonie, quoiqu’il eût dit le contraire dans le rapport officiel transmis à Paris. Après plusieurs lettres écrites dans les mêmes termes de blâme et de censure, M. Doreil, croyant avoir bien disposé les ministres à son dessein, les invita enfin dans une dernière dépêche plus violente encore que les autres, à changer le gouverneur, et à choisir le général Montcalm pour le remplacer. « Si la guerre doit durer encore ou non, disait-il, si l’on veut sauver ou établir le Canada solidement, que sa majesté lui en confie le gouvernement. Il possède la science politique, comme les talens militaires. Homme de cabinet comme de détails, il est grand travailleur, juste, désintéressé jusqu’au scrupule, clairvoyant, actif, et n’a en vue que le bien ; en un mot, il est homme vertueux et universel… Quand M. de Vaudreuil, ajoutait-il, aurait de pareils talens en partage, il aurait toujours un défaut originel, il est Canadien. »

Toutes ces intrigues, qui n’étaient pas assez secrètes pour qu’il n’en transpirât pas quelque chose, même dans le public, parvenaient à la connaissance du gouverneur. Déjà les offi-